vendredi 25 janvier 2013

Of mice and bliss.

J'l'ai déjà dit, j'me répète mais j'm'en bats allègrement les steaks. Cette année, j'suis en L3, j'ai chié mon semestre bien comme il faut, j'ai toujours pas de stage, but, je bosse dans le TER de mon choix avec un prof tellement trop d'la balle, avec son bureau Star Wars, son t-shirt Mozilla Firefox et son futal trop grand, t'as envie de lui frotter son crâne chauve en gazouillant.

Enfin, le TER que je voulais, oui et non, vu que je voulais faire un apprentissage complexe chez le rat et que 2 tasspé sa race que j'ai jamais pu voir en peinture, de dos à 100m l'ont choisi avant moi.

En fin de compte, c'est pas plus mal parce que j'aurais eu un contact plus direct avec les bestioles, et quand tu vis avec 2 chattes, l'une qui te macule n'importe quel cm² de poils et l'autre qui pionce avec toi, plus 4 rats qui te montrent leur amour débordant en te bouffant les oreilles et en te pissant sur le dos de la main, c'est chaud de ne pas stresser le pauvre rongeur qu'a jamais été manipulé avec les odeurs. Ce qui me broie les couilles car ça veut dire bonjour la mouise si je veux tafer sur l'animal à long terme next year, mais j'ai le temps pour y réfléchir.

Mon thème à moi, c'est le codage de comportement. J'explique.

Prenons l'exemple d'un test utilisé sur le rongeur, notamment pour tester les effets d'anxiolytiques : le labyrinthe en croix surélevé. A 50cm du sol, 4 branches, en forme de + quoi. Les 2 bras face à face sont identiques : 2 ont des bords, ainsi qu'un fond à l’extrémité, des murs quoi, les autres n'ont rien. Ta souris (ou ton rat), elle a 3-4 cm de large pour marcher et une vingtaine de cm de long à explorer. Imagine-toi sur le rebord d'un balcon au 4ème, sans rambarde. En gros, on suppose qu'un animal stressé passera beaucoup plus de temps dans les bras fermés que dans les bras ouverts et de manière générale, ça se vérifie, bien ce test présente quelques désavantages : chaque rongeur ne peut passer le test qu'une fois, qu'on teste une molécule ou pas, ils apprennent extrêmement vite le dispositif et restent dans les bras fermés ; et ils ne se contentent pas de rentrer/sortir/se planquer dans les bras, ils ont une multitude de petits comportements qui traduisent de l'anxiété, de la curiosité, etc.

Qui dit plein de comportements dit plein de petites choses significatives à relever. Seulement voilà : coder 5 minutes de comportements, c'est long. Très long. On peut revoir la vidéo plusieurs fois et obtenir un codage différent à chaque fois. Tous les chercheurs n'ont pas le même codage : par exemple, on peut compter une entrée dans un bras lorsque les 4 pattes y sont, ou juste la moitié du corps.

D'où l'intérêt de passer par des logiciels qui codent : vidéo-tracking, sol connecté (la pression des patounes est analysée et le logiciel te sort les comportements effectués).

Gain de temps, fiabilité inter et intra-observateurs. Trop d'la balle, nah?

Et donc, moi, je vais coder manuellement une vidéo de 2h. TWO FUCKING HOURS MOTHERFUCKER. Je vais filmer une souris dans sa cage, pendant 2h, et je vais coder ça :


Bon en vrai, c'est des gifs hein, là ça veut pas dire grand chose.

Donc 8 comportements à coder sur 2h, à la main, stylo et chrono en poche.
Pour au final lancer la vidéo dans un logiciel qui vient de sortir, qui ne tourne que sur Ubuntu 10.04, et qui me fera le décodage complet en 3 minutes.

Et comparer.

Mais j'm'en fous. Je vais voir le labo, manipuler mon premier animal. Et si ce logiciel est installé par la suite, je me dis que ce sera peut-être en partie grâce à moi.

Et j'ai jamais été aussi épanouie en fac depuis que je passe 6h le cul vissé sur une chaise, au premier rang, à noircir frénétiquement ma feuille d'abréviations en tout genre et en m'auto-flagellant parce que merde, j'suis une brêle en neuroanatomie.

mardi 22 janvier 2013

Du gris.



J'ai fini mes partiels mardi dernier dans une ambiance puant le low self-esteem et le désespoir chronique qui te prend aux tripes chaque fois que tu dis que maintenant la session finie, tu ne peux plus inverser la tendance.

Après avoir noyé mon mercredi dans le plus grand des rien, j'ai pu reprendre une goulée d'air jeudi avec mes copains que j'aime d'amour. J'ai même embarqué le dossier des dossier, Docteur Who et les Daleks, préfacé par les frères Bogdanoff, 1987. C'était chouette, à base de Calogero, de produits de l'OM, de Barack Obama et elle, j'lui prends le cul, tu lui prends la bouche sur une machine à laver. Casimir et moi nous rentrions dedans en revenant chez moi, à 5h du matin.

Samedi j'étais à Paris avec mon Chevalier. J'y avais pas foutu une patte depuis mes 11 ou 12 ans. Chaque fois qu'on larguait une saloperie sur les parigots, cette race cruelle et incomprise, on avait la démonstration en images. On s'était promises de ne pas passer pour les touristes, mais c'était sans compter le wtf du centre commercial dans la fucking gare Saint-Lazare et tourner 3 fois autour de la-dite gare pour trouver la freaking rue.

Les Tuileries sous la neige. L'expo des jeux Star Wars et l'odyssée de la mode du XVIII à mi XIX au musée des Arts Décoratifs. Et la SNCF qui te fait poireauter une heure et demi parce que ton train est tombé en panne avant même le démarrage.

Paris c'est gris et moche, les habitants portent des chapkas et des talons, des oreillettes bluetooth et d'énormes sacs des galeries Lafayette. La neige avait fondu pour faire une immonde bouillasse, la même que j'ai retrouvé au Havre.

Après un restau chiant comme la mort et des louchages sur mon piercing, accompagné du murmure de M. Poil, pétasse, dans mon oreille parce que non putain, j'ai pas envie de le planquer pour ta connasse de mère, direction le nouveau bar de la belle-doche. J'étais venue pour boire, pas pour faire le service avec des yeux dans le décolleté.

Dimanche gris chez mes grand-parents. Vannes discrètes de mon frère, ma mère toujours aussi à l'ouest, et visiblement qu'a morflé. Je sais pas quoi en penser. Difficile qu'on est mythomane, et qu'à moitié consciemment, d'avoir la confiance de sa gosse. Difficile pour moi, la gosse, de savoir si j'ai pitié d'elle ou si je la vomis.
Tout ce dont je suis sûre, c'est qu'elle a beaucoup maigri, Mamie m'l'a dit.

C'était censé être un bon week-end. Je suis mitigée.

samedi 12 janvier 2013

Qu'est-ce qu'on va faire de toi?



Qu'est-ce que t'as dans la tête? Des romances nerveuses

Alors même que je fume mon avant-dernière clope, dans l'angoisse de devoir attendre au moins 19h30 pour que M. Poil rentre du taf pour pouvoir taxer dans son paquer, alors même que dans l'épisode Triangle d'X-Files, Mulder roule une pelle à la Scully du passé sapée flapper pour l'occasion et que je me dis qu'un jour mon improbable mais pas impossible gamin aura Fox comme deuxième prénom, que ma souris n'a plus de piles et que c'est galère pour naviguer dans mon cours à se pendre d'ennui sur la psychologie de l'orientation, rubrique career counseling, de l'ue Souffrance, Accompagnement et Conseil de la troisième année de licence de psychologie de l'Université de Rouen, j'ai envie de pleurer un peu.

Parce que malgré mes facilités d'apprentissage qui m'ont soutenue sans effort jusqu'à la fac, et les efforts que j'ai mis dans ce semestre pour réussir à gérer mes partiels un tant soit peu, je commence à penser que je n'ai pas les épaules nécessaires et que mon avenir s'arrêtera au mieux l'année prochaine avec un mémoire insatisfaisant, 4 grammes dans le sang et une haleine joyeusement parfumée à l'éthanol.

Parce que ç'a toujours été ainsi et que ce ne serait qu'une déception de plus sur la liste et que je pense que je pourrais bien m'y habituer, même si ce ne sera pas glorieux. Les regrets et moi nous côtoyons régulièrement depuis des lustres.

Si toi aussi tu te détestes et que tu ne fais rien pour arranger le Tchernobyl constant qui irradie ta tête, tape dans tes mains.

En plus, j'ai plus d'eau chaude depuis samedi dernier.

mardi 8 janvier 2013

Le cauchemar estudiantin.



Ça débarque 2 fois par an, toujours diablement trop tôt alors qu'on sait et sent l'échéance arriver. La terreur des étudiants, où ceux qui s'y sont pris à l'avance paniquent, ceux qui s'y prennent au dernier moment paniquent, ceux qui y vont au talent paniquent, et ceux qui n'en ont rien à foutre s'en battent les couilles.

Les partiels.

Cette année, l'enjeu est gros. On ne se contente pas d'obtenir le visa pour l'année supérieure. On joue notre avenir universitaire. Septembre 2013 sera l'année du master ou ne sera pas. Les partiels de cette année seront notre passeport pour le master 2 en septembre 2014 ou se contenteront de nous plonger dans la dépression cinglante causée par l'échec.

Pour les jeunes, les seniors et les dé-scolarisés : la fac fonctionne avec le cycle LMD, soit Licence-Master-Doctorat. Licence = 3 ans, Master = 2 ans, Doctorat = 3 ans, en général.
De la licence au M1, il suffit d'obtenir au moins 10 de moyenne générale pour passer à l'étape suivante. Par contre, l'entrée en M2 se fait soit sur concours, soit sur dossier. On compte 20-25 places pour un master professionnel, 15 places pour un master recherche et 20 places pour un master mixte.
Tu sens le souffle de la compétition et du stress, là?

Ma fac marche sur dossier. Donc, comme pour aller en prépa ou en grande école, il faut un dossier béton, et ça passe par une mention. Comme au bac : 12 = assez bien, 14 = bien, 16 et plus = très bien.
Et comme en fac, on aime bien les blagounettes, toute ta licence se résume à la moyenne de tes partiels de septembre et mai de troisième année.



Moi, j'fais comme les autres.
Je troque mes cours avec ferveur, je fais des p'tites fiches, j'ai la nausée quand se ferme la porte de l'amphi, je révise la veille pour le lendemain en maudissant ma flemme, je compte sur la chance et si je n'ai pas au moins de mention bien, je vais pleurer jusqu'à me déshydrater dans un coin sombre.

jeudi 3 janvier 2013

Salvador Dali



J'ai rencontré Dali, son oeuvre, à 14 ans. J'étais en troisième, c'était le mois de mars et j'étais en voyage scolaire à Barcelone, malgré mon aversion profonde de l'espagnol et des profs qui nous l'enseignaient.

Il faisait diablement froid. Le matin, nous nous étions promenés près d'une plage, où le vent nous giflait férocement. Le site de fouilles archéologique me laissait de marbre, comme tout ce que j'avais pu visiter durant la semaine. Ce n'est que récemment que je m'intéresse un tant soit peu à l'architecture.

L'après-midi, nous avions rendez-vous au Théâtre-Musée Dali, à Figueres. Sa ville. La façade peuplée de mannequins dorés semblables à des Oscars.

J'ai découvert l'angoisse des visites de groupe, surtout avec des adolescents de 15 ans qui ne pensent qu'à la bouffe du soir. Être pressé.

J'ai admiré La corbeille de pain. Autoportrait mou avec du lard grillé. Persistance de la mémoire. Chair de poule inaugurale. Portrait de Gala avec 2 côtelettes d'agneau en équilibre sur l'épaule. Poésie d'Amérique. Vénus de Milo à tiroirs. Et tant d'autres.

J'ai regardé avec une fascination poignante Un chien andalou. J'ai acheté des bouquins. J'ai dévoré sa vie. Exploré ses fantasmes. Je me suis projetée sur ses toiles. J'ai partagé ses lubies, ses angoisses, ses obsessions, sa passion pour la masturbation, l'ombre de son frère mort, son impuissance, ses sauterelles, ses béquilles, sa castration, ses rochers.

Le surréalisme, on accroche ou pas. M. Poil pense que Dali était fou, et je n'ai aucune envie de rentrer dans le débat de la folie et du génie.

Je me contenterai de citer Baudoin, artiste qui a récemment fait une BD sur Dali, son oeuvre comme sa vie privée, en s'appropriant ses travaux avec brio.

Qui était ce type? Il se disait génie. Un timide. Un paranoïaque. Un impuissant. Un peintre. Mon frère. Le plus grand. Juste un marchand. Dali.