jeudi 27 juin 2013

Back to the mess.



Bon.

La dernière fois que j'ai écrit ici c'était pour raconter comment je me suis faite larguer. De ce côté là, rien de nouveau, il est toujours parti, toujours aussi bien dans sa nouvelle vie de célibat, chachablabla.
Je l'aime toujours M. Poil, tu vois. Mais je me suis fait à son absence, au lit vide, aux repas seule. Et c'est plutôt bien. Lui, il s'en bat toujours autant les couilles de moi, même si je reconnais qu'il y a eu du mieux quand même.

Moi de mon côté je déménage dans 3 jours et c'est toujours autant le bordel. J'ai pas assez de cartons, d'abord ; puis j'ai pas la motivation, non plus. Non pas que j'ai plus envie de me barrer de cet appart de merde, bien au contraire. C'est juste que les deadlines et moi, on s'aime pas trop, on se juge de loin en attendant de voir qui sortira vainqueur de la lutte contre le temps. J'aime à croire que je suis brillante dans l'urgence.
Autant te dire tout de suite, je gagne pas souvent, et là on est bien barrés pour se retrouver dans la merde jusqu'au cou.

Dans la série des autres trucs chouettes, je bite rien à mes derniers articles pour préparer mon mémoire. Je vois mes rêves de thèse et d'articles publiés et de cours en amphi s'envoler en me faisant un bon gros doigt pendant que je pleure en me frappant la tête dans un mur. J'exagère sûrement un peu, mais j'en suis pas loin. J'essaye de m'accrocher, mais j'ai juste pas le courage. Ou plutôt, trop de colère envers moi-même pour prendre une bonne goulée d'air, me foutre un coup de pied au cul et me poser tranquille devant mon café-clope pour m'y mettre calmement et sans stress.

Mon père est parti en désintox y'a 2 jours, presque à l'autre bout de la France et je sais pas quoi lui dire à part un minable prend soin de toi quand je l'ai au téléphone. La pudeur dans les 2 sens, je lui ressemble rarement autant que dans ces moments-là ou on sait pas quoi se dire. On est à l'aise l'un avec l'autre, mais pas en parlant l'un à l'autre. J'me comprends. En attendant, y'a son cadeau de fête des pères sur mon bureau.

Sinon pour les trucs agréables, j'ai passé un bon week-end qui s'est conclu je suis plus trop sûre de savoir comment par du sexe oral très alcoolisé derrière une baraque à Pont-Audemer. On se voit régulièrement, il est gentil tout plein, on a de quoi discuter, c'est assez cool. Pas eu assez de cul encore pour pouvoir juger sur ce plan-là, mais ça peut devenir un truc sympa. Et les autres gens de la soirée étaient d'la balle aussi pour la plupart. J'ai aimé passer du temps avec de nouveaux gens.

Casimir a kiffé son cadeau d'anniversaire et c'est une grande victoire pour moi.

Une meuf trop dar part en Chine bientôt, ça ça me fait bien chier. Elle va me manquer.

Bref, y'a du bon et du moins bon, je sais pas si je me sens bien ou pas. On va dire que je dérive. Je dors trop, aussi.


dimanche 9 juin 2013

J'adore ces petits imprévus.

Hier j'étais à Caen pour la T-Day Convention. J'voulais plus trop y aller, mais j'ai bien fait.

Le train c'était long et chiant, Caen c'est moche, je me suis faite lourdement draguée le temps d'une clope par un nigérien, et mon collant était déjà niqué aux pieds.

Qu'à cela ne tienne! L'ambiance de la conv était d'enfer, j'ai vu des artistes fabuleux et de véritables œuvres d'art. Et surtout, j'ai croisé le chemin de ce petit bonhomme, un croquis sur le troisième stand visité, dont voici le résultat 3h et 19 couleurs plus tard, encore tout frais :


Modèles cherchent preneurs. Je suis pas du genre à laisser une bestiole crever devant ma porte moi (non ce parallèle n'est pas du tout exagéré). Mais j'avais pas du tout prévu de me faire piquer. Après quelques instants d'hésitation et une course effrénée vers le distributeur automatique, David de Monster Family à Guingamp m'a tatoué ce bébé Cthulhu que j'aime d'amour sur le mollet droit.

Et comme David est un dieu de l'aiguille, obsédé par les détails et les dégradés de couleurs, un enculeur de mouches comme il l'a dit lui-même, il a gagné le premier prix du concours Best of Day grâce à ce petit monstre.

Je suis extrêmement fière de porter ce tatouage et de lui avoir permis de mettre un prix de plus dans son shop, et super heureuse de lui avoir fait entièrement confiance pour ce taf de ouf.

jeudi 30 mai 2013

"Je ne t'aime plus."



C'est ce que m'a dit M. Poil jeudi dernier à minuit et demi. Il ne m'aime plus.

Quand on t'annonce qu'on ne t'aime plus, tu ne peux rien faire. Tu n'as pas de quoi te mettre en colère, car ce n'est la faute de personne. J'ai bien essayé d'attendre son retour, mais il m'a bien fait comprendre que sa décision est définitive. Alors t'arrêtes de dormir, de bouffer, tu regardes les bouteilles qui te murmurent au creux de l'oreille que ça te ferait pioncer et tu penses à ta mère devenue tarée et ton père qui prend le même chemin. Tu cherches dans tes contacts quelqu'un qui pourrait te refourguer le numéro d'un dealer, mais tu ne connais personne à Rouen. Tu adoptes donc le réflexe le plus con et inutile du monde : tu chiales ta race. Tu peux rien faire d'autre anyway.



Tu pleures au téléphone. Avec ton ex (ça, tu commences à peine à le penser, hors de question de le prononcer), avec tes potes, avec ta famille, avec le doctorant qui encadre ton mémoire. Tu pleures tout le temps.

Soudainement, t'as l'impression que ça va mieux, mais quand M. Poil passe récupérer quelques affaires, tu pleures encore plus. Tu lui dis qu'il est beau et tu meures d'envie de foutre le nez dans son cou, de lui choper la bite, de lui hurler que tu l'aimes, de lui rouler des patins dégueulasses, mais il ne veut même pas s'asseoir à côté de toi sur le canapé. Tu dors la gueule écrasée dans son oreiller.

Dans l'appart, il est partout. Dans la toile de Dark Vador au mur. Dans ses fringues qui pendent du tancarville. Dans le perfecto sur la chaise du bureau, qu'il t'a offert pour tes 19 ans. Dans la basse à tomber par terre dans le coin du salon, offert il y a même pas 2 mois pour tes 20 ans. Dans tes bijoux, tes propres fringues, dans chaque objet qui traîne.

Et quand tu le vois, tu peux pas t'empêcher de lui poser des questions de merde.
Je t'ai rendu heureux?
Tu retiens quoi de moi?
Tu m'oublieras?
Tu regrettes?
Tu ne penses plus du tout à moi?

Tu tends le bâton pour te faire battre et t'en redemandes.
En attendant, tu dois résumer un article de 45 pages à rendre dans une semaine, tu dois chercher un stage, et un nouvel appartement. Suffisamment grand pour garder tes animaux, suffisamment étroit pour ne pas excéder 450€ de loyer. Mais comme t'es conne, tu regardes les 3 malheureuses photos que tu as avec lui, tout le temps, et tu te passes en boucle la vidéo de tes 20 ans où il t'embrasse comme un taré.

On te dit que t'es jeune et que t'en auras d'autres. Ils ont beau avoir raison, t'as juste envie de leur éclater la gueule, parce que celui que tu veux, tu le regardes partir en sanglotant.

Tu cherches ce que t'as fait et tu te mets à te haïr, toujours plus. Parce qu'il n'y a personne à blâmer, mais qu'il est trop difficile de se résoudre à avancer.

Tu pleures, tu bouffes plus, tu dors plus, tu ne sors plus de cet appart qui est plein de vous, votre histoire, et qu'est-ce que tu l'aimes et qu'est-ce qu'il te manque.

jeudi 4 avril 2013

Salut Maman.



J'y pensais tout à l'heure, à t'écrire. Mais IRL tu vois. Première question qui m'est venue : te la poster ou la filer à Mamy pour qu'elle te la remette?
Et logiquement : en parler?

Puis toujours les mêmes choses qui me turlupinent. A quoi ça sert? Tu comprendrais pas. Tu peux pas, tu veux pas, un bon mélange des 2. Je suis pas tellement sûre de vouloir le savoir.

Je suis fatiguée de penser à toi. Parfois ça va, t'es loin, une petite gène, comme quand je sens que mes doigts doivent craquer mais qu'un de mes annulaires résiste une trentaine de secondes. Parfois t'es obsédante et c'est toi que je vois dans le miroir ; ta gueule, tes formes, j'entends aussi ta voix en écho dans le téléphone.

C'est bien ça qu'est marrant au fond : si je te croisais, je ne te reconnaîtrais pas. T'as beaucoup maigri je sais, même si tes cheveux sont toujours aussi maigres, bien que sûrement plus longs, beaucoup plus longs. Je te revois toujours nageant dans tes bourrelets, les yeux complètement morts, balbutiante, ahurie. C'était toi qui ne me reconnaissait pas, avec mes cheveux courts noirs et bleus. J'te revois débordant sur ta chaise, à fumer pipe sur pipe, un verre à la main, ton lexomil près de ta souris, connectée au chat de rire et chansons. Complètement à côté de la plaque et inconsciente de la merde dans laquelle on vivait, littéralement. Je ne pense pas que tu aies conscience du nombre de fois où Papy a vomi en nettoyant, ni comment les mecs ont du en chier pour casser les sols à cause de l'odeur.

Soit dit en passant, tu ne me reconnaîtrais pas non plus. J'ai encore grandi, ma poitrine et mes hanches dégueulent un peu. Mes cheveux sont longs, j'ai une frange. Des piercings, ce que tu m'as toujours interdit. Un tatouage que je porte aussi un peu pour toi. Malgré toi, devrais-je dire.

M. Poil vient de m'envoyer un message pour mon anniversaire. Techniquement j'entre dans ma vingtaine à 19h55, mais il voulait être le premier à me le souhaiter.

Surtout, je t'en prie, n'appelle pas demain. Ou en tout cas, pas demain matin. Fais-le quand je ne serais pas là. Je veux pas que Mamie me regarde de côté, en faisant mine de me refiler le combiné. No way. Elle te dira que je suis à Rouen, comme d'habitude, et tu lui diras que tu veux m'écrire à la Pléiade, pour changer.

Putain, j'ai jamais foutu un panard à la Pléiade, c'était toi en deuxième année, ages ago.

J'revois Papa hein, on te l'a déjà dit. Suis-je toujours une traîtresse à tes yeux? Sûrement. J'ai pas envie de rentrer dans le débat : t'es incapable d'entendre, juste de fermer ta grande gueule (dont j'ai hérité) pour m'écouter 10 minutes.

Aujourd'hui je sais que mon père, je l'aime, j'ai rien à lui pardonner car il ne m'a jamais trahi, pas comme toi. J'ai envie de te pardonner tu sais. Je sais pas si je pourrais.
Puis te pardonner quoi? De m'avoir fait déposer une main courante contre mon père pour inceste? De m'avoir tabassé la gueule? De m'avoir fait mentir toute ma vie? De m'avoir rabaissé toute mon enfance par rapport à Paul, ton fils, l'homme de ta vie comme tu disais?

J'te déteste pas, bien au contraire. Putain Maman, tu me manques, je croyais pas ça possible. J'en ai découvert en 3 ans. Je t'ai découvert perfide et vile au possible. T'as détruit tous ceux que t'as côtoyé, tes gosses, tes parents, ta fratrie, ton mari, tes amants. D'autres que je ne connais pas.

T'es malade certes. Mais ça n'excusera jamais les puteries que tu as pu faire et tout ce que tu as pu brisé des années auparavant. Et pourtant, quelque part dans ma chair, tu me manques.

Peut-être qu'un jour, je t'appellerais. Ou je passerais te voir. Peut-être que je pourrais sourire en fermant ma gueule. Mais ça sous-entend trop de trucs, trop de réel. Peut-être que je serais prête à t'affronter et, par ce biais, m'affronter aussi un peu.

Ça me dégoûte toujours autant de te voir à travers moi. Je parle, ce sont tes mots. Je complote, tu me susurres à l'oreille.

Peut-être qu'un jour j'arriverais à faire la paix entre nous 2.

Ciao Maman.
Bon anniversaire ma gueule.

mercredi 3 avril 2013

Ces moments chouettes où rien va bien dans ta p'tite vie moisie.



Je sais pas par où commencer.

J'ai choisi mon encadrant pour mon master next year, déjà. Il est carrément opé pour me monter un sujet de thèse, mais m'a rappelé (sans aucune intention mesquine) que ma (très très) sale note en neuro du dernier semestre était une grosse tâche dans mon dossier et que cela pouvait me bloquer l'entrée en M2.
Autant dire que toute ma joie, ma fierté, ma motivation à l'idée de me réorienter de l'expérimentation animale à l'imagerie cérébrale (parce que mon prof trop d'la balle de TER prend plus d'étudiants de psycho, 'fin bref) se sont envolées en un clin d'oeil.
Alors qu'au début, j'étais en plein rêve. Y'a de la place pour du sang neuf, de brillants jeunes chercheurs qu'il me disait. Y'a plein de découvertes à faire. J'ai l'impression que mon dossier sera refusé de toute façon et je ne suis pas sûre de réussir à me parvenir du contraire. Je sais que ce 4 de merde c'était un accident pendant l'Agora, parce que je passais mes journées (et mes nuits) soit au cinéma, soit dans la chambre d'hôpital de M. Poil, j'arrive pas à me foutre dans la caboche que bordel de merde, je me suis jamais laissé bouffer par quelqu'un, ça commencera pas avec un jury pourri.

By the way, de mon TER. J'avance pas. EthoLog ne fonctionne pas sous Windows 8 et je n'ai rien sous 7 ou XP, donc vas-y que je code tout à la main et que c'est monstrueux. Je suis très à la bourre et je m'enfonce. Comme à chaque fois, je me décourage à la moindre emmerde.

J'ai commencé mon stage aussi. Non seulement c'est terriblement, monstrueusement chiant, mais en plus à priori il me manquera des heures. Youpi.

Mon père est reparti à l'hosto et en est ressorti, ben, aujourd'hui en fait. Chais pas où il en est, j'peux que croiser les doigts.

Ma mère veut des photos de moi. Je sais pas si je lui en ferais parvenir via ma grand-mère. Le 19 mars, ça faisait 3 ans que je l'avais pas vu et le compte continue.

Et vendredi je prends 20 piges. Non seulement c'est le début du début de la fin, mais je pense à cette saloperie de Reggiani et Votre fille a 20 ans. Tout simplement parce que ma mère a toujours dit qu'elle la passerait ce jour-là. J'ai beau savoir que ce soir-là, je serai entourée de potes à tomber et qui m'aiment, ça me bouffe jusqu'à la moelle.

Et hier, j'ai voulu faire ma gourmande, j'avais à peine un sandwich dans les tripes et je me suis tapé un demi joint de beuh quasi d'une traite. J'te dis pas le trip où je me suis pétée la gueule sur le campus et comment c'était flippant de voir tout mon champ de vision en noir et blanc. Bonjour la honte, les traces blanchâtres de gravier sur mon jean noir et meeeeeeerde, mais quelle connasse, du coup j'ai rien profité du tout. C'est rien en soi mais ça me fait chier.

C'est histoire de te montrer combien je suis poissarde et conne.

En ce moment c'est la lose. J'ai l'impression que tout me file entre les doigts, et qu'on a rajouté des poids à mes boulets.


mercredi 20 mars 2013

La mer.


Aujourd'hui, j'ai envie d'enfoncer des portes ouvertes, et te parler d'un truc bien dar que si tu l'as jamais vu t'as 8 ans une fois devant.

Avant, la mer, j'm'en battais un peu les couilles. Mon père m'y emmenait quand j'étais môme, je jouais dans le sable, je nageais une heure ou deux, jamais trop loin parce que le courant est une vieille pute, je ramenais des galets.

Quand j'étais une djeuns trop rebelle je descendais des packs d'une bière douteuse auprès du skatepark. Je m'aventurais jamais sur les galets, pour ainsi dire, et encore moins les pieds dans l'eau.

Puis je suis partie. Et le moindre rayon de soleil me faisait fantasmer de m'allonger à quelques mètres de l'eau, de laisser l'écume me lécher les pieds et de regarder ces connasses de mouettes tourner dans le ciel gris et inhospitalier du Havre. Quand je toupinais dans mes 14m², je voulais marcher jusqu'au bout du monde, ou bien grimper sur la falaise de Sainte-Adresse et laisser le vent me gifler le visage et me décoiffer.

Ça n'a fait qu'empirer avec M. Poil, nostalgique du Havre à fond la caisse.

Quand la mer t'a accompagné toute ta vie, même si tu n'y prêtais pas forcément attention back then, ça te marque. Tu ne te sens chez toi qu'avec le bruit des vagues et l'odeur salée des algues. Rien à foutre des eaux turquoises et des plages de sable blanc. La sensation des galets sous la plante de ton pied, même lorsque tu as retrouvé la terre ferme et le gris verdâtre qui se propage jusqu'à l'horizon, entrecoupé de ferries et de voiliers, ça reste ancré en toi. Tu n'as jamais posé le pied sur un bateau, mais tu es marin dans l'âme. Dès que tu la sais loin, comme moi à Rouen, elle te manque au fin fond de ta chair.

Le 8 mars, y'avait C2C aux Docks Océane. Bien dar, by the way.

Mais le mieux, c'était quand même cette sensation de plénitude, les cheveux dans la gueule, l'impression d'être complète à nouveau.



Now this is home.

lundi 4 mars 2013

Mon père est alcoolique.



Ça m'a semblé ridicule quand j'ai sangloté ça au téléphone, j'chialais tellement que M. Poil bitait pas un mot de ce qui sortait de ma bouche. Maintenant, je pense plus qu'à ça.

Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. And so on.

J'm'en doutais pas, mais tu peux pas nier quand il tient pas debout, qu'il arrive plus à articuler pour parler et qu'il se pisse dessus.

C'pas comme si j'avais passé la moitié de ma vie avec une piche, que ça avait détruit ma putain de famille. J'étais déçue, j'avais mal, je voulais le tuer.

J'ai passé grosso modo mon week-end à larmoyer. Heureusement qu'on était 2. Dans la nuit, j'me rendais compte dans un sursaut que j'avais les yeux ouverts depuis Dieu sait quand. Le moindre bruit d'ivrogne qui se pète la gueule dans le salon me faisait me raider, le regard braqué dans le vide, chaque fibre de mon corps tendu.

J'ai beaucoup, beaucoup fumé, l'estomac vide. Et très peu dormi.

Hier pendant qu'on baisait comme on avait pas baisé depuis longtemps, M. Poil et moi, avec de la langue, des cris rauques et des mots doux, ça m'obsédait. Ton père est alcoolique, et toi, tu baises. Salope.

D'ailleurs, il me fait bien culpabiliser, M. Poil. Il comprend pas, il peut pas comprendre anyway, que je peux pas revivre ça, pas une deuxième fois, et surtout pas mon père que je découvre à peine et qui me trahit. Une puterie que j'égalerais sûrement jamais.

J'dis pas que c'est sa faute. J'lui en veux pas de se murger la gueule en lousdé dans sa bagnole en rentrant du taf. Juste, un jour il rentrera, ou pas, il est foutu de se buter en bagnole ce con, et il sera tout seul. M. Poil comprend pas ça, t'as beau aimé quelqu'un, y'a des trucs qui te plient l'échine, et t'as pas d'autre choix que de t'éclater ta race par terre ou de t'enfuir pour panser tes plaies. On a plus la force de lutter. On en a trop bavé dans cette famille.

At least j'suis pas au Havre. Peut-être que je reverrai jamais mon père dans cet état. Peut-être que ça s'arrangera. Peut-être qu'on va tous finir dans le mur. Who the fuck knows.

Et M. Poil qui me force à bouffer.

"Ça va?
- J'pensais pas avoir encore de quoi chialer. Allez, des couilles meuf.
- Il t'en faudrait au moins 6 paires pour encaisser...
- Ça veut dire quoi ça, que j'ai pas de couilles ou que j'peux pleurer comme un veau?
- Qu'tu peux pleurer."

C'que j'arrête pas de faire.