mercredi 20 mars 2013

La mer.


Aujourd'hui, j'ai envie d'enfoncer des portes ouvertes, et te parler d'un truc bien dar que si tu l'as jamais vu t'as 8 ans une fois devant.

Avant, la mer, j'm'en battais un peu les couilles. Mon père m'y emmenait quand j'étais môme, je jouais dans le sable, je nageais une heure ou deux, jamais trop loin parce que le courant est une vieille pute, je ramenais des galets.

Quand j'étais une djeuns trop rebelle je descendais des packs d'une bière douteuse auprès du skatepark. Je m'aventurais jamais sur les galets, pour ainsi dire, et encore moins les pieds dans l'eau.

Puis je suis partie. Et le moindre rayon de soleil me faisait fantasmer de m'allonger à quelques mètres de l'eau, de laisser l'écume me lécher les pieds et de regarder ces connasses de mouettes tourner dans le ciel gris et inhospitalier du Havre. Quand je toupinais dans mes 14m², je voulais marcher jusqu'au bout du monde, ou bien grimper sur la falaise de Sainte-Adresse et laisser le vent me gifler le visage et me décoiffer.

Ça n'a fait qu'empirer avec M. Poil, nostalgique du Havre à fond la caisse.

Quand la mer t'a accompagné toute ta vie, même si tu n'y prêtais pas forcément attention back then, ça te marque. Tu ne te sens chez toi qu'avec le bruit des vagues et l'odeur salée des algues. Rien à foutre des eaux turquoises et des plages de sable blanc. La sensation des galets sous la plante de ton pied, même lorsque tu as retrouvé la terre ferme et le gris verdâtre qui se propage jusqu'à l'horizon, entrecoupé de ferries et de voiliers, ça reste ancré en toi. Tu n'as jamais posé le pied sur un bateau, mais tu es marin dans l'âme. Dès que tu la sais loin, comme moi à Rouen, elle te manque au fin fond de ta chair.

Le 8 mars, y'avait C2C aux Docks Océane. Bien dar, by the way.

Mais le mieux, c'était quand même cette sensation de plénitude, les cheveux dans la gueule, l'impression d'être complète à nouveau.



Now this is home.

lundi 4 mars 2013

Mon père est alcoolique.



Ça m'a semblé ridicule quand j'ai sangloté ça au téléphone, j'chialais tellement que M. Poil bitait pas un mot de ce qui sortait de ma bouche. Maintenant, je pense plus qu'à ça.

Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. Mon père est alcoolique. And so on.

J'm'en doutais pas, mais tu peux pas nier quand il tient pas debout, qu'il arrive plus à articuler pour parler et qu'il se pisse dessus.

C'pas comme si j'avais passé la moitié de ma vie avec une piche, que ça avait détruit ma putain de famille. J'étais déçue, j'avais mal, je voulais le tuer.

J'ai passé grosso modo mon week-end à larmoyer. Heureusement qu'on était 2. Dans la nuit, j'me rendais compte dans un sursaut que j'avais les yeux ouverts depuis Dieu sait quand. Le moindre bruit d'ivrogne qui se pète la gueule dans le salon me faisait me raider, le regard braqué dans le vide, chaque fibre de mon corps tendu.

J'ai beaucoup, beaucoup fumé, l'estomac vide. Et très peu dormi.

Hier pendant qu'on baisait comme on avait pas baisé depuis longtemps, M. Poil et moi, avec de la langue, des cris rauques et des mots doux, ça m'obsédait. Ton père est alcoolique, et toi, tu baises. Salope.

D'ailleurs, il me fait bien culpabiliser, M. Poil. Il comprend pas, il peut pas comprendre anyway, que je peux pas revivre ça, pas une deuxième fois, et surtout pas mon père que je découvre à peine et qui me trahit. Une puterie que j'égalerais sûrement jamais.

J'dis pas que c'est sa faute. J'lui en veux pas de se murger la gueule en lousdé dans sa bagnole en rentrant du taf. Juste, un jour il rentrera, ou pas, il est foutu de se buter en bagnole ce con, et il sera tout seul. M. Poil comprend pas ça, t'as beau aimé quelqu'un, y'a des trucs qui te plient l'échine, et t'as pas d'autre choix que de t'éclater ta race par terre ou de t'enfuir pour panser tes plaies. On a plus la force de lutter. On en a trop bavé dans cette famille.

At least j'suis pas au Havre. Peut-être que je reverrai jamais mon père dans cet état. Peut-être que ça s'arrangera. Peut-être qu'on va tous finir dans le mur. Who the fuck knows.

Et M. Poil qui me force à bouffer.

"Ça va?
- J'pensais pas avoir encore de quoi chialer. Allez, des couilles meuf.
- Il t'en faudrait au moins 6 paires pour encaisser...
- Ça veut dire quoi ça, que j'ai pas de couilles ou que j'peux pleurer comme un veau?
- Qu'tu peux pleurer."

C'que j'arrête pas de faire.